vendredi

05.04 SYNTAGMA SQUARE

Ou cela va -t-il s'arrêter ?
La colère monte devant le parlement, place Syntagma à Athènes.

Le 04.04.2012 environ deux milles personnes se sont réunis place Syntagma à Athènes pour comémorer le suicide le jour même de cet homme de 77 ans en face du parlement.
Cet homme s'étant donné la mort par en laissant une lettre :

"Le gouvernement d'occupation de Tsolakoglou* a supprimé ma capacité de survie qui se basait sur une retraite digne que j'ai moi même payé (sans l'aide de l'état) durant 35 ans.
Compte tenu du fait que mon âge ne me permet pas de réagir individuellement de façon dynamique (bien que si un autre grec prenait une Kalashnikov je l'aurais suivi), je ne peux pas trouver d'autre solution à part une fin digne avant d'être obligé de chercher dans les poubelles pour me nourrir.
Je pense que les gens sans avenir, vont un jour prendre les armes et vont pendre sur la place public de Syntagma les traitres, comme les Italiens l'ont fait avec Mussolini en 1945."

Autour d'un arbre en contrebas du parlement des centaines de bougies sont posées au sol et des messages sont accrochés à l'arbre et aux alentour.

Cette manifestation spontanée emplie de colère a commencé devant le parlement par des cris de personnes de tout ages, des cris de désespoir laissés sans réponse. La réponse fût donnée quelques heures plus tard  par des coups des gaz lacrymogènes pour repousser les manifestants. Une jeune fille est au sol, les yeux clos, une poignée de manifestants arrivent pour l'aider, parmi eux l'équipe sanitaire, présente sur place pour venir en aide aux manifestants blessés. Tous sont repoussés au début par la police qui ne prend visiblement pas cette histoire au sérieux. La colère monte, la jeune fille a les clos, certains hurlent qu'il lui faut de l'aide, l'équipe sanitaire est en colère elle aussi.
Les cris fusent les gens courent et la peur est montée chez une bonne partie des gens qui s'extraient de la manifestation, la colère prend le dessus chez d'autres qui s'emparent de pierres pour riposter aux violences policière. Le riot commence, la police riposte et provoque. La plupart des policiers sont très jeunes, une vingtaine d'années et on se croirait dans un jeu de "cap ou pas cap".  Plusieurs policiers font signes aux jeunes de lancer des pierres pour voir s'ils sont cap'. Provocation qui amplifie la colère de tous les manifestants. Pour finir, la police montre une bonne fois pour toute qu'elle est cap' et  repoussés jusque dans les rues de Monastiraki une centaine de manifestants se voit forcée de courir pour échapper aux forces de l'ordre qui les pourchasse. Pourquoi ? Pour un rassemblement commémoratif. Pour demander pourquoi, pour demander une réponse, pour hurler que ce système a assassiner cet homme.

Seuls sont restés une centaine de personne, pour la plupart âgées autour de l'arbre, lieux symbolique que la police n'a pas eu ordre d'attaquer. La manifestation s'est ternie après l'attaque des forces de l'ordre. La circulation a repris une demie heure après, le camion poubelles est venue ramasser les cadavres de bombes de gaz et les poubelles jonchant le sol. Une heure plus tard les passants ne pouvaient se douter de rien. Rien ne s'était passé.

Même scénario en beaucoup plus violent le 05.05.2012 ou environ mille manifestants se sont réunis spontanément place Syntagma aux alentours de 18H. La police cette fois n'a pas tardé à repousser les manifestants très violemment, en prenant même des initiatives personnelles de tabasser quelques personnes pour l'exemple, aux yeux de tous et des caméras (vidéo ci dessous). La peur est montée et une grosse partie des gens sont partis.



Arrestation publique au beau milieu de la rue commerciale d'Athènes :

Même scénario que la veille pour les vétérans qui se sont retrouvés à devoir reprendre la même rue et courir pour échapper aux forces de l'ordre qui cette fois avaient probablement eu l'ordre de semer la peur, encore plus que la veille. Les "delta" (police à motos) ont barrés la route à une partie des manifestants. Certains ce sont alors réfugiés dans le café le plus proche. La police est entrée dans le café donnant l'ordre aux manifestants d'en sortir. La plupart, effrayés, se plaquent contre le mur du fond. La police choisit treize personnes qu'elle sort manu militari du café et fait asseoir au sol en chaine les uns derrière les autres puis encercle. Arrestation publique au beau milieu de la rue commerciale d'Athènes. Un groupe de manifestants et journalistes se réunit alors autour des treize. La police fait "circuler" les touristes les promeneurs, intimide et effraye le reste des gens autour. Le message est clair "vous pouvez aussi être arrêté à n'importe quel moment et être mis au sol, menotté et emmené au commissariat sous pretexte que vous étiez là" Et celà marche, effectivement, les gens prennent peur, la police feinte de charger ceux qui restent à regarder la scène pour finalement embarquer les treize.

La police replie et le reste des manifestants en très petit nombre se redirigent vers la place Syntagma, lessivés.

 Les rues sont nettoyées aussitôt et la circulation reprend, les gardes reprennent leur balais chorégraphique devant le parlement et restent une centaine de personne devant l'arbre à pleurs.
Une centaines de personnes, dont beaucoup de personnes âgées qui se désespèrent.
Il se trouve qu'une personne que je connais personnellement a fait parti des treize  arrêtés. Française étudiant le droit à Athènes elle s'est retrouvée être dans ce café puis mise au sol et emmenée au commissariat avec dix autres personnes. Pour quels motifs ? Inconnus.

Devant le commissariat une trentaine de personnes et deux avocats attendent des nouvelles des treize arrêtées. "Pour le moment on ne sait pas si elle est là, on ne sait pas pour combien de temps ni pourquoi" nous disent les agents devant le commissariat, derrière les barrières (on n'entre pas dans le commissariat sans autorisation ici). Après une heure et demi onze sont libérés et deux attendaient encore lorsque j'ai quitté les lieux à minuit et demie.

La tristesse était de mise après cette soirée, tristesse qui se transformera sans doute demain en colère. Ou celà va -t-il s'arrêter ? Après avoir vu la hargne de la police et les décision personnelle de tabasser pour l'exemple tandis qu'en haut, sur le balcon du parlement regardent la scène des hommes en cravates, ces gens autour de l'arbre qui comprennent cette situation et ne s'en sentent probablement pas si éloignée, cette chasse aux immigrés quotidiennes pour les envoyer en camp de travail, cette misère qui grandit dans les rues, je me demande ou cela va-t-il s'arrêter ? La Grèce est en tous les cas le laboratoire de l'Europe.

Et bientôt, à qui le tour ?

Laura

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